Figurines de terre cuite du Musée de Prehistoire de Valencia
Colette Picard
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COLETTE PICAR D
(Francia)
Figurines de terre cuite du Musée
de Prehistoire de Valencia
Le musée de Valence possède une importante e t int eressante collection
de fig urines de terre cuite provenant d' Ibiza, léguée par MM . Martinez y
Mart inez e t Pérez Cabrera. La regrettée Myriam Astruc devait les publier
lorsque, la tragédie de Pe tra mit fin à ses jours. L'an passé Mr . le Direcleur du Musée de Valencia me demanda de reprendre ce travail et je le
remercie vivemen t de cette marque de con fiance . Je tiens aussi à exprimer
ma gratitude à Mr . Pla qui se mi t à ma disposition pour me t ransme t t re
tous les renseignemen ts qu' il détenait sur ces deux collections, a Mr. G.
Nicolini, auteur d'un ouvrage sur les bron zes ibériques, et a Mme . BesquesMollard, Conservateur au Musée du Louvre, qui m'ont aidée de leurs conse ils éclairés.
Tou tes les s tatue ttes de cet ensemble on t été trouvées dans l'ile, mais
il est impossib le de savoir où exac tement, et quel en é tait le con tex te archéologique. La terre, une argile mal épurée, souvent cassante, granuleuse
aussi parfois, est celle de toutes les céramiques figurées de fabrication
locale . Les forme s, le s tyle, ne son t pas insolites, et chacune d'ell e se
ra ttache à une série bien a ttestée sur place . C'est ainsi qu'il est aisé de
reconnaitre les idoles ailées issues de la Cueva d'es Cuyram, et, qu e l'on
peut penser sans téméri té, que les bus tes gisaient dans des tombes de la
nécropole de Puig es Molins . Les problèmes chronologiques son t pl us dif ficiles à résoudre : D. Fle tcher Va ll s a lui même montré dans son é tude
((Problemas de la cult ura ibéricall ( 1) , quelles raisons nous avi ons de douter
s.
( 1)
D. FLETCHER: " Problemas de la cuhu ra ibérica". SC'rie de T rabajos Varios dei
I. P., nûm. 22. V3lencia, 1960.
-
Il
BI -
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2
C. PICARD
de la possibilité de dater une p,ece, en se fondan t uniquemen t sur des
cri tères stylistiques. Or c'est la seule méthode qui soit à notre disposition,
aussi ces terres cui tes seront -elles presentées groupées par affinité de for me e t de style, et non par ordre chronologique .
Quatre séries principales peuvent être ainsi distinguées :
1.
I l.
III.
IV .
Statue ttes et têtes de s ta tuettes.
Bustes.
Idoles de la Cueva d'es Cuyram .
Figurines zoomorphes.
STATUETTES ET nTE S DE STATUETTES
1. _
COLLECTION MARTI NfZ Y MARTU-IEZ ,
Il'; M .
12
HI. O,m09. Terre ocre tirant sur le brun, granuleuse . La face antérieure
est mou lée, le dos plat. le relief est a demi effacé, les yeux abîmés.
Tête de femme voi lée. Le voile laisse paraitre une frange de cheveux
sur le front et des bandeaux ondu lés sur les tempes; des mèches rendues
par des cannelures, retombent sur les épaules en dégageant les oreilles.
Cette physionomie triangulaire, allongée, au fron t bas, au nez long e t droit,
à la bouche horizontale aux lèvres serrées, rappelle les facies dits dédali ques tardifs, de la fin du V116s, ou du début du VI"s., mais la coiffure, le
traitement des cheveux semblent indiquer que la terre cui te est moins
ancienne qu'elle ne le parait . Le cas est fréquent en Espagne e t G. Nicolin i
signale plussieurs bronzes du memê s tyle (2) Cet te tête n'est sans doute
pas antérieure à la seconde moitié du VI ·s. av . Je. (PI. l, Il.
2. _
CO LLE CTION MAR TIN EZ
y
MARTINEZ ,
"um.
6
Ht . O'm25, Ig. O,m08 . Terre ocre, peu cu ite . La face an t érieure est
moulée, le dos plat. Deux trous sont percés au somme t pour suspendre la
statuette. Dame serrant un tympanon sur la poitrine . Elle est coiffée d'un
polos bas recouvert par un voile, et vêtue d'une tunique collante qui ne
lai sse voir que l'extrémi té des pieds chaussés . Un bourrelet de cheveux
dépasse du voile au dessus du front. Le visage triangulaire, court et large,
( 1)
242.
G . NICO LlNI : "Lei bron1:C$ figura dts sanclUairc:s ibCriqucs". Pari~, 1969, p. 241-
-
82 -
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l'lGUIIINES DE TEIlIIE CUITE
J
rappelle ceux des terres cuites rhod iennes archaïques; les yeux ont la forme
d 'une olive et la bouche rendue par une simple incision souri t légèrement .
Le corps est plat et droit. Les ma ins ramenées sur la poitrine serrent le tympanon ; le dessin en est maladroit . C'est une copie peu habile d'un prototype ionien archaïque, sans doute transmis par l'int ermédiaire des ateliers
sici liotes (3) . Fin VI·s.?
La Dame au tympanon es t un théme orien tal bien connu, fort ancien
~a$sé dans le répertoire ionique e t repri s par les Pun iques. A Ut ique, à
Carthage (4) , maintes figurines de ce type ont été trouvées dans les tombes
à tou tes époques. Il est reprodui t à satiété sur les ex voto des tophe t de
Sa rdaigne . A Ibiza on en cannai t plusieurs exmplai res, tous datés de la fin
d u V I- e t des premières années du V·s., comme la figur ine num . 2. Le
tym panon est généralemen t considéré comme un attribu t du c uJ te d'Astarte
Aphrodi te. La déesse le partage cependant parfois avec d 'aut res divinités
de fécondité e t des morts comme elle . A Rhodes comme à Gela l'instrument apparait dans les mains d'Athena Lind ia . La statuette d' Ib iza es t certainement offert e à une divine protectrice des morts, ma is son seu l tym ·
panon ne permet pas de l'iden tifier (PI. Il) .
.3. _
COLLECTION PU EZ CA IRERO, "Um.
Ht. O,m2SS, Ig. O,m16. Terre rouge . Dos creux . Trace d' engobe blan c.
Déesse assise sur un trône à haut dossier, les pieds nus, posés sur un ta bouret. Elle est drapée dans un h ima tion dont le pan arr ière devai t se rele ver sur la tête comme un voile . Le dossier de la chaire est orné de deux
rosaces, les pieds de griffes de lion s tylisées. Les bras retombent sur les
jambes . Les pl is du vête men t son t creux, serrés, raides e t rigoureusement
symétriques. C'es t une copie d'un modèle du début du Vos. Cependan t le
décor du t rône, en particul ier les rosaces à six pétales garnis de nervures,
semble rela t ivement tard if. En Sici le, comme à Car thage, les pro totypes du
V·s. av . JC . on t é té reprodui ts jusqu'à une date avancée du IV·s. e t la terre
cui te d ' Ibiza es t sans doute un de ces exemplaires a t tardés (Pl. II I) .
4. _
COLLECTION PE REZ CAB RERO , num . 8
HI . o,mO? Te rre rougeâ tre. Il ne reste que la tête . Le voile es t mutilé .
(3) L QUARLES VAN U FFORD: " Les tcrus cuitcs sicilicnncs". Assen, 1941, p. 44· 45.
(4) Pour la fijurine d'Utique cf. P. CINTAS : "Nouvclles recherches" Utique" . Karthago
V. Paris, 1954, p. 97-98, fig. 5. La statueUc C1t datte par l'autcur de la lin du VII t ou du
di:but du Vit. ,. Ceue datation appa rait beaucou p trop hautc. ÙI terre cuite pro\'ient d'une
ombe qui a livrt de la œ ramique " figur~ noires, italiennc, qui n'cst pas anteriture " la fi n
du VIi! ou lU d~but du Vé s. av. Je. Pour les fijurines de Carthagc voir " Ca"logue M uS«
.... Iaou i.. , =
uph. II, 1-339, pl. XV III, 2, "Catalogue du Mu$ée Ùlvigerie de Saint Louis dc
':'rthagc, 1" . Paris, 1900, pl. XVI, 9 ; Suph. 1. Paris, 1913, pl. VI, 2, etc.
-
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C. PICARD
Dame coiffée d'un kalathos d'où retombait un voile dont on ne voit p lus
que le départ de chaque côté du visage. La chevelure est creusée de sillons
rectilignes, parallèles. Le visage est plein, les yeux en amande, le nez fort,
la bouche charnue. Deux pendants d'oreille en torme de pyramide inversée
garnie d 'une perle, permettent de dater ce tte terre cuite . La même parure
se retrouve en effet sur des antéfixes de Tarente du IVb e t sur la s tatue
s.
d'un des grands sarcophages de la nécropole de Sainte Monique à Ca rthage
de la fin du siècle (5) (Pl. l, 4) .
5. _
COLLECTION MARTI NEZ y MARTI NEZ , nûm . 10
Ht. D,m I O, Ig. O,mO? Terre ocre. Dos plat. La par t ie in férieure est
brisée, le relief a demi effa cé.
Dame coiffée d'un kala thos recouvert d' un voile qui se gonfle en conque
de part e t d'autre du visage. Celui ci, large et court, de coupe triangulaire,
dérive sans doute d'un prototype ionien . l e modelé de la poi tr ine est esquissé . Cette déesse au voile gon fl é est souvent ident ifiée à Demeter. A
Carthage le modèle est for t répandu à partir du lY.s. mai s l'int erprétation en est s tylisée à l'extrême, et le voile dessine un cercle parfait. A
Ibiza le mouvement garde encore sa souplesse . Epoque hellén is tique (pL l,5 1.
6. _
CO LLECTION MARTI NEZ y MARTINEZ, nûm . 5
Ht. O,m33, Ig. O,mIO. Terre ocre; traces de peinture rouge . Dos creux .
Relief assez effacé; bras cassés.
Orante montée sur un tabouret de prière . Les deux bras, moulés à part se
reccordaient au corps, perpendi culairemen t à celui -ci, à hauteur du coude. la
figure porte un kalathos d'où retombai t un voile dans le dos. le kalathos est
évasé au sommet et orné à la base d'une sorte de collere tte . La tun ique coliante laisse deviner le modelé du corps. Les jambes sont raides, massives.
C'est une oeuvre hellénistique, archaisante, qui remonte peu t· ê tre à la
période barcide . L'influence punique y est en eff e t très sensible : l'a ttitude
de la dévot qui prie les mains tendues montée sur un tabouret, est orienta le. la tec hnique selon laquelle les bras son t rapportés, désuè te dans le
(5) C. LAVIOSA: "u anldisse fin ili di Taran lo". Archeologia OahÎca, VI , 2, Roma,
1954, p. 238-239, pl. LXXIII, 3-6.
(6) "Cal. Mus. Lav. l U, pl. XVI , 4-6; Supll. l , pl. VI, 3-4. Pour l'époque neo-punÎquc
\"Oil les StatUCS d'El Jem CI de Korba, G . CH. PICARD : "Le monde de umhage". PlIriS,
1('56, pl. 64.
-- 84 -
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fi GURI NES UE TIIRItE CUI TE
,
monde grec (7), etait toujours utilisee en Afrique à l'epoque neo- puni que (8) (PI. IV, 6 ).
7. _
COLLECTION PEREZ CABRERa, "';m. 7
Ht. O,mOS . Terre ocre, tachee de cendres. Tres abimee : les traits du
visage son t tres altérés.
Tête coiffée d'un kalat hos dont on en voit plus que la base . Un anneau
d'or est passé dans l'ore ille droi te. Le visage est incliné . Hellénistique.
(PI. 1,7).
8. _
COLLECTION PEREZ CABRERO,
""M. 9
Ht. O,mOS. Terre ocre . Très mutilée.
Deux anneaux d'or sont passés dans l'oreill ~ et le nez. Les cheveux
cour ts, les traits accusés sont ceux d'un homme. Le nezem, ou anneau de
nez, est en effet une parure masculine aussi bien que féminine . Hellénistique (Pl. IV, S).
9. _
COLLECTION PEREZ CABRERa,
""M.
3
Ht. O,mlS6, Ig. D,mSS. Terre rougeàtre. Modelée à la main.
Dame coiffée d 'un kalathos, bas, et large, orné d'un motif en arête
de poisson incisé. Des boucles de cheveux rendues par des gouttelettes
d'argi le rapportées, dépassen t du ka lathos, Le visage a ét é fai t en pinçant
l'argi le entre deux doig ts. Les yeux sont figurés par deux pastilles de terre;
les orei lles, démesurées sont percées de deux trous chacune, l'un au som met, l'au t re à la base du lobe. Un collier de pastilles d'argile juxtaposées,
barre la base du cou. Deux autres pastilles collés sur le torse représen lent
les sei ns. Les bras sont tendus en croix. Les jambes forment pilier.
Cette idole grossière exécutée selon une techniqu e millénaire est comparable à divers exemplai res issus de la nécropole de Puig es Molins. De
t elles figurines se trouvent sur divers sites ibériques, en Sardaigne aussi.
Elles son t en généra l assez répandues duran t la période qui sui t le départ
des Puniques e t les débuts de la romanisation (9). Leur archaïsme appa ren t, n'est pas une marque d'ancienneté, au con traire. Le kalathos est identique à celui d'un bust e de Puig es Molins, qu i imite des modèles hellénistiques (10) (PI. V).
(7) GABRie l en a trouv':: plusieurs exemples il Sdinof\t e, "Mon. An ik hi" XXXII, 1927,
pl. LXXV I, 6, 7, par ex.
(8) Par ex., CINTAS, op. cit. n. 4, fig. 69 b., et les sta tues du sanctuaire de 'n linissuf,
"Cal. Mus, Alaoui", Suplt. pl. LXXII et LXXIII.
(9) A. GARCIA y BELLIDO: "Colonizaci6n pu nka". Historia de Esp3iia de Mcnéndez Pidal, 1. 2. M adrid, 1952, fig. 335 el 338.
( 10) GARCIA y BELLI DO, op. cit. n. 9, fig. 332.
-
85 -
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,
c. rlC.\RD
Il
BUSTES
Ce type de terre cuite, formé de deux par t ies, l'une moulée, ta fa ce
iln térieure, l'au tre plate, fa ite à l'éb
Il représen te une Dame coiffée d 'un ka lathos d'où re tombe parfois un
voile . Le modèle vient sans doute de Sic ile Où de tell es «Dames» é taient
dédiées à Demeter (11) . Il est inconnu à Carthage ; au Vos. av. Je. époque
à laque lle remonte les exemplaires les pl us anciens, la déesse n'éta it pas
encore vénérée dans la mé tropole africaine. Un buste de Kare fut t rouvé
cependant dan s une tombe du Cap Bon , mais la sépulture est du tV·s. et
le buste est importé (1 2) .
Une pratome représen tant un buste du même genre a é té joi nte cette
série, car cett e figure a certainement même valeur . Quelques pièces sont
aussi mutilées et il est difficile de savoir si ce sont des bust es ou des protomes.
I O. - COLLECTION MAR TI NEZ y MART1NlZ, nûm . 3
Ht . O,m26, Ig. O,m225 . Terre ocre .
Le buste est coupé au ras des sei ns et lisse, comme les plus anciens
flxemplaires d'Agrigen te. Le kalathos est bas et large, orné à la base d 'un
bourellet. Le mê me déta il se retrouve aussi à Agrigente. Les cheveux sont
'lndés en «cô· es de melon » et retomben t en méches souples sur les épaules, derrièrt les oreilles. Le cou est garni d'un co lli e r en forme de torque .
La mêm~ parure est port ée pa r divers pe t ites figur ines de bron ze ma scu lines (1 ~) . Comme le note G. Nicolin i le torque es t réservé aux hommes et
ce coll ier est sans doute fait de perles rendues d'une mani ère schématique . La
coupe du visage, le nez fort, rappellent les pro totypes ion iens archaïques.
Mais l'expression sere ine, la régularité des trai t s, leur régula rité s'inspi ren t du style sévère . la terre cuite date sans dou t e du VQ ac . Je. (PI . VI) .
s.
( II ) J. E. Rr ZZQ: " Suni fiuili di Agrigc nlo", Jahresheftc dei Osterreichcn An;:hao"'>sischen Insdwle in Wien, 1911, p . 62 n.
(12) C. G . PICARO : "Sac", Pû nica". Karthago XIII. Paris, 1967, p. 30. 11 fau t lire
pré-hellénistique Ct non hellénistique.
(13) NICOLI NI, op. cil. n. 2, p. 227_228.
-
86-
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FIGURINES 010 TERRe: CUITE
II. _
7
COLLECTIO N PEREZ CAeRERO, niim . 4
H t. O,m113 . Terre ocre rosé. Relief effacé. la part ie inférieure est
brisée.
Il est difficile de savoi r s'i l s'agi t d' un buste ou d'une grande s ta tuette.
Le facies allongé au nez fort, aux yeux en amande rappellet certains modèles de Tarente de la fin du VI·s. et du débu t du V"s. La Dame au tympanon d'Utique a une physionomie du même type (14) .
l es mèches de cheveux lat érales sont styl isées e t ressemblent à des
feuille s de fougères. Le cou est orné d'un coll ier de perles ovoïdes. la
«Dame» tien t dans ses bras un bouque t de fl eurs de lotus, détail qui révèle que la figurine est sans doute moins a rchaïque qu'e ll e ne le parai t . Vos.
av. J c.? (Pl. VII, 11 ).
'2. _
COLLECTION MARTI NEZ y MA.RTINEZ , niim . 2
Ht . O,m23, Ig. O, m20 . Terre rougeât re.
Protome. Qua t re t rous sont percés sur le rebord, deux â la base du cou,
deux autres â hauteur des épaules, sans dou te pour y passe r des liens de
suspension . l e kalathos est bas, orné â la base d' un rang de perles, e t au
centre de past illes en verre multicolores, incrustées : une blanche, une bleue,
une verte, une bleue, une blanche. les cheveux sont coiffés en bandeaux
ondulés e t retombent en mèches sur les êpaules, derrière les oreilles. Ces
mèches sant rendues par des sillons obliques et parallèles, selon une tech nique archaïque. Le visage légèrement incliné, est de type ionien, large
e t triangulaire; les trai ts son t réguliers. Les yeux en amande sont soulignés d'un trai t incisé, selon une t echnique hellénist ique . Deux trous sont
percés â la base du cou pour y passer un cordon sur lequel sont enfilés des
perles mult icolores disposées de par t et d' au tre d 'une amu le tte représen ta nt un oud ja . Ce lte parure est punique. 11 1"s.? (Pl. VI II ).
I :J. _
CO LLECTION MAR TI NEZ y MARTI NEZ , niim . 4
Ht. O,m245 , Ig. O,mI 7 . T erre ocre rosé, mal épu rée, très cuite . l e buste
est coupé à la taille . Les bras rapportés, sont cassés. Le relief es t effacé.
Dame coiffée d'un kala t hos, bas, évasé au somme t. On ne voi t pas de
voi le . Les cheveux son t coiffés en bandeaux et relevés. Les oreilles sont
percées d'un trou pour y passer un anneau d'argen t; l'un des deux a d isparu .
Le cou est garni d'un coll ier de perles et d'amulettes enfil ées sur un cordon .
De gauche â droite : anneau d'ambre, amulette usée, perle bleue, per le ocellée, pastille formant pendantif en verre bleu, pe t ite perle ocellée, perle
(14)
Cl. nOie 4.
-
81-
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,
C. PICARD
bleue, Horu s, perle bleue, perle jaune en verre irisé. Le modelé du corps
est esquissé. Ce trai t , la coiffure, sont la marque d'une évolut ion dûe à
l'introduction des modes nouvelles au cours du 11 1·5. av. Je. (PI. IX) .
• -4. _ COLLECTION MARTI NEZ y MARTU-ltZ . nûm . 7
Ht. O,m I6, 19. O,mI35. Terre ocre. Relief effacé.
Bu ste coupé au ras des seins et lisse. le kalathos est bas, les cheveux
coiffés en bandeaux et relevés. Le lobe des oreilles, aplati est p~rcé mais les
anneaux OU les pendantifs ont disparu . La tête est gracieusement inclinée.
1Ws. av. JC? (PI. Xl.
15 . -
COLLECTION PEREZ CABRERO, "û.., . 2
Ht . a,m IS, Ig . O,m09S . Terre ocre . Très abimée : le kalathos es t brisé, le
relief altéré.
Buste coupé à la taille . La Dame porle un himation qui lui recouvre les
bras. Ceux-ct repliés sur la poitrine t iennent une torche enflammée et un
agneau . l e travail est grossier. la terra cui ta semble tardive : Il ~s . ? (PL XI} .
16. _
CO LLE CT IO N MARTINEZ y MA. RT INEZ.
n.om.
1
Ht . O,m28, Ig. O,m I 9. Terre ocre. Traces de peinture dans les cheveux,
décor peint. les bras sont cassês.
Buste coupé à la taille. Dame coiffée d'un kalathos de hauteur moyenne .
Les cheveux sont Courts, frisés; ils étaient peints en noir . Deux anneaux
d'or sont passés dans les oreilles. Le visage oval f in e t régulier, est inspiré
par la tradition post-classique. Les yeux avaient l' iris rendu par une pastille
fine qui é tait certainement pein te, technique qui rappelle celle des masques
puniques. Les bras moulés à part se détachaient perpendiculairemen t au
corps, comme ce ux de l'orante n ." 6 e t du buste n .~ 13 . Le modelé des seins
.3 ppara it. Un e p.3lme t te est peint sur la poi trine; elle dev.3i t être rouge.
Ce t te oeuvre se r.3pproche des sta tues greco- ibères du 1I 1"s. Le décor peint
est comparable à ceux du style floral des vases de ce temps (1 5) (P l. X II ).
17 . _
COLLECTION PUEZ CA.BRERO.
n.om.
5
C'est un fragm en t de tête hellénistique . Ses dimensions sont celles des
f igures des bustes : O,m 113 de haut.
les narines sont percées de deux trous sans doute pour y passer ur
nezem (PI. V II , 17) .
(lS) li. CUADRADO ; "Probkmas d: la cronololl;Îll y de lu influcncias -::UhUC1lIM ute m as". Primer Symposium de la Pcninsula l bérica (Plmplona, 1959). Pamplona, 1960, 231,
lICcor flooll de type cbssiquc E\che-Archcna.
-
88 -
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F IGUIUNI!S DE TERRI! CUIT!!
,
111
IDOLES AILEES DE LA CUEVA D' ES CUYRAM
La Cueva d'es Cuyram a livré plus de six cents idoles e t un mil lier de
fragments, qui représentent tous comme les figu rine n .O 18, une Dame
coiffée d'un kalathos e t enserrée dans deux ailes repliées qui se rejoignent
,) hauteur de poitrine . L'espace demeuré libre entre ces ailes est garni d 'un
emblème sacré : fleur de lys, caducée, astres, hedera, e tc. (16) . Dans le
même gisement on a t rouvé deux dédicaces l'une punique aux noms de
Reshef-Melqart, l'autre, neo punique à ceux de Tanit et Gad. C'est donc
à la Dame de Car thage que les idoles é ta ient offertes. Ces sortes de cloches
sont faites comme les bustes deux pièces rapportées, l'une moulée, form e
la tête et le devant du buste; l'autre est une plaquette ébauchée à la main
et raccordée au devant .
18. _
COLLECTION MARTlNEZ y MARTINEZ, nûm. 8
Ht . O,m 16, Ig. max. D,mDS S. Terre ocre . La base est abimée.
Dame coiffée d'un kalathos de hauteur moyenne. Les cheveux sont coiffés de manière à ressembler à un klaft. Le visage est ava l, lourd, les traits
épa is, le nez fort . Les yeux en amande ressemblent à ceux des statues ibères du débu t de la romanisat ion (17) . Le mantelet d'ailes est composé de
deux rangées de plumes raides, stylisées toutes pareitles. L'attribut est
une fleur de lotus. Il "s. av . JC? (PI. XII I).
19. _
COLLECTION MARTlNEZ y MARTINEZ, nûm . 9
Ht. D,m ID, Ig . max . D,mD5S. Terre ocre tirant sur le brun . Le vi sage
est abimé (PI. XIV, 19) .
C'est une imitation grossière et tardive du modèle précédent : le mantelet d'ailes est évoqué par trois bandes horizontales parallèles.
(16) A. GARCIA y BELLI DO : "El Culto a dea Caeles\is en la Pcninsula l bêriea" .
boletin Real AC',1demia de la Historia, CXL. Madtid, 1957, p. 479-485, pl. V-VI.
(17 ) Cf cdles de El Cigarralcjo, E. CUADRADO: "Exeavadones en d Santuario ibérico
de! Cigarra]cjo (Mu[a, Murda)". Informes y Memoriu de ]a Comis,cia General de Elt::avaciones Arqurolôgicas, nûm. 21. Madrid, 1950.
-
"
89 -
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10
C. PICARD
20. _
COLLECTION MARTINfZ Y MARTINEZ ,
""l'ri,
Il
H t. O,m07. Terre ocre.
Ce t te petite tête provient certainement d'un idole ai lée : la coiffure
est la même, les dimensions éga lement. La chevelure est lisse . Le visage
oval, régulier est de t radition post classique. L'ourfet qui dessine la paupière est incom ple t. I V~s. ? (PI. XIV, 20) .
l i._
COLLECTION MARTINEZ y MARTINEZ. "';l'rI , 13
Idem. 0,075 ait.
Petite tête, coiffée en «melon frisur» (PI. XIV, 2 1).
22 . -
COLLECTION MARTI NEZ y MARTI NEZ , nul'rl. 15
Ht. O,m07. Terre grisâtre. On voit encore le dépar t de l'a ile gauche .
La Dame est coiffée en «melon frisur ». Début du II I·s.? (PI. X IV, 22).
23 . -
COLLECTION MARTINEZ y MA RTINEZ ,
n""'.
14
Ht. O,m062.
Dame coiffée en «melon frisur)l , Début du 11 1·s.? (PI . X IV, 23).
Ces idoles de style composite ne se ret rouvent nulle part a,lIeurs. L'une
d'elle a été apport ée à Carthage e t déposée dans une tombe .le la nécropole de Sa inte Monique. Elle ne porte pas le kalathos (18). Cette parure
d'or igine grecque est portée par maintes déesses puniques cependant. La
coiffure imitant un klaft est également punique. Le mantelet d'ailes est
d'origine égyptienne comme le note A. Garda y Bell ido (19), mais à
Cart hage ce vêtement apparait .il plusieurs reprises aussi. On le voit pour
la prem ière fois sur une divin ité représentée sur un cha ton dt bague du
IV·s. (20). On la re t rouve ensui t e sur l'effigie couchée sur le couvercle
d'un des grand sarcophage de Sainte Mon ique (21), sur une terre cuite et
deux rasoirs lll "s. issus de tombes voisi nes (22) et enfin au l''s. av. Je.,
sur des monnaies de Scipion et des s tatues du sanc tuaires de Thi'li ssu t (23 1.
Elle est alors portée par le Genius Terrae Africae .il tête de lion. Mais .il
Carthage, comme en Phénicie ou en Egypte, les ailes enserrotnt la taille
(18 ) "Cat. Mus L~ v . 1", 1'1. XV II , 3.
(19) GARCIA Y BELLIDO, op. cil. n. 16.
(20) P. GAUC KLER: "Nêcropolcs Puniques", Il, p. BI.
(21) "Cal. Mus. Lav. 1". Suplt. III CI IV, 3.
(22) PICARD, op. cil. n. 12, num. 25, pl. XX II I Cl 34, pl. XXVI IJ.
(23) A. MER LI N : "Le Sancluaire de Baal CI de T ani! l'!"Cs de Siagu". NOlu CI ))o(- um('n1S, IV. Paris, 1910, p. 16, 44-45, pl. Ill .
-
90 -
[page-n-91]
FIGURINES OE TEIIRE CUln:
Il
et les jambes à la manière d'un jupe et non d 'un mantelet . Cette in terpré tat ion es t sans doute due à la forme de buste donnée aux idoles d'es Cuyram.
Les attributs por tées par ces f iguri nes sont ceux qui ornen t les s tèles
he llèni stiques du tophet de Salammbo. Grâce à la dédicace nous n'avons
aucun dou te sur l' identi té de cette Dame . C'est un des rares por traits de
Tanit que nous ayons, qu i ne prête pas à discussion . A. Ra mos Folqués,
frappé de la ressemblance de ces images avec les figu res de D~me à ai les
déployées pein tes sur cer tains vases ibères hellénis t iques, dont certains fu rent trouvés par l'auteur dans une nécropole voisine d'Elche, a voule reconnai t re dans cell es-ci Tanit représentée en Potn ia Theron (24 ). Ce Ue hypothése es t assez ha rdie, car il faud ra it pour la just ifier pouvoir être en mesure de démon t rer que la paru re d'ailes est l'apanage de la seule Tani t dans
If' monde punique, et en l'état ac tuel de nos connaissances, nous en sommes
loi n . La déesse courotrophe du rasoir n . ~ 25 de Sainte Monique es t sans
doute, comme nous l'avons dit, la Dame de Car thage, car elle règne sur
un cie l pun ique, mais ce lle qui se presse le sein n' est-elle pas ph llot Ast arte? (25) . L'effigie couchée sur le sarcophage est peut -etre celle de la
défunte enserrée dans la dépouille d'un oiseau guérisseur, telle una momie
égypt ienne? Les Carth.aginois rendaient en eff e t un cu lte au dieu sauveur
sémite, Horon le Faucon . Et si le Genius Terrae Africae est lié à Tanit Caelesti s, il appara it plutot comme son garde que comme le port-ait de
la divinité suprême elle-même . Quan t à la déesse qui décore le cha ton de
bague, son iden tité est inconnue : c'est vraisemblablemen t une divinit é fu néraire ma is laquelle? La _Dame» ibére est sans doute une créa ture su rna turelle, déesse ou génie, aux pouvoirs indiscu tablement vivifiants vénérée par les habitants du pays, peut-être à l'occasion fut -elle égalée à Tanit,
mai s il est plus sage de lui conse rver son anonymat.
IV
FIGURINES ZOOMORPHES
Ces figurines sont à rapprocher de l'idole n .O 9 : la terre, la technique
son t les mêmes . Ce son t des oeuvres populai res naïves, qu'il es t impossible
~ 24) A. RAMOS FOLQUES : " HaUngos celimicos de Elche y Ilgunu considcraciones
:mfe cl neigen de ciertos tertllls". Archiyo &p:1I101 de Arqurologll, XVI, Mldrid, 190,
Il. 328-335.
(25) PICARD, op. cil. n. 12, p. 108. Je nt: pense plu$ que Il dêeue du n$Oi r 3
T"n; l.
-
91 -
[page-n-92]
12
C. l'ICA"'!)
de dater. Elles étaient déposée aussi bien dans les sanctuaires ruraux que
dans les tombes.
COLLECTION MARTtNEZ Y MARTI NEZ, nûm. 16
24 . -
Ht. O,m63 .
Tête de mouton modelée à la main . l es cornes, les oreiJles e t les yeux
sont rapportés. la toison est figurée par des trous triangulaires faits à
l'emporte pièce (PI. XV, 2.4).
2 5. _
COLLECTION PEREZ CABRERO, nûm. 10
Lg . O,m l 06.
Poi sson du genre Daurade. Des profondes incisions complè ten t la composition et les écailles sont rendues de la même manière que la toison du
mouton n .- 2.3 (PI. XV, 25) .
26. _
COLLECTtON PEREZ CABRERO,
.u'm. -4
Ht . 0,m04 .
Têt e d'oiseau, pigeon ou colombe (PI. XV, 26) .
Pour pouvoir interpréter correctement ces terres cuites, il faudrait connaitre la religion des habitants d'Ibiza . Colonie punique, formant le bastion
avancé de la civilisation carthaginoise face au monde grec occidental , l' ile
avait conservé une large autonomie, et commerçai t à sa guise avec ses voi sins helléniques . Peu doués pour les arts plastiques, les Carthaginois ne
cherchèren t jamais en effet, à les supplan ter sur les marchés extérieurs.
Aussi est -ce aux Grecs que les habitants d'Ibiza demandèrent des leçons
de coropla thie . Mais, comme tout art popu laire, l'art ibère auquel se ratlache celui d' Ibiza, est archaïsant et expressioniste. Il travaille d'après des
tormu les importées, comme tout art périphérique, mais c'es t avant tout un
art sacré dont le but essentiel est d 'expri mer au dieux la ferveur des fidèles, fut -ce au détrimen t du beau, de la vraisemblance . Comment déceler
ces intentions sans t extes sur lesquels s'appuyer? Nous savons aussi que
Carthage avait imposé sa langue, sa religion, les dédicaces d'es Cuyram en
son t la preuve, mais il est impossible de mesurer l'ampleur de ce tte action
psychologique . De telles investigations sont pour l'heure vouées à l'échec
aussi est -il préférable de laisser les «Dames» d ' Ibiza bénéficier du charme
du mys t èr~ .
-
92 -
[page-n-93]
PICA.RD.- I blu.
I.-Tête voilée C 1\01. 12).
M.
4. _ Da m e coUfée d' un ka Jathos C C. 8),
P.
5. _ Da nle coiffée d' un ka Ja thos. recouvert d' uli voile C M. 10) .
M.
'J. -Tête coUfée d' un ka Ja thos C C. 7) .
P.
(G. n .)
(Phot. Grollo)
LAM. 1
[page-n-94]
L A1\1 . Il
PI CARD. -Ibiu
Da m e a u t ympa n o n (1\1. 1\1 . G)
(lit. 25 c m .)
{Phot. Grollo l
[page-n-95]
LAM . III
PICARD. -Iblu
Dame ass ise s ur son trôn e (P. C.
1)
( lit. 28'5 cnl,)
(Phot, Gro llo )
[page-n-96]
PICARD.- I bh:a
G. _ Orantes Pla ntee s ur un t abo uret de prière (M. M. 5) (111. 33 cm.)
8. - Tête avcc deux a nnea ux d'or (P . C. 9) (G. n .)
(Phot. Grollo)
LAM . IV
[page-n-97]
l,AM. V
PICARD.-Ibiza
Da me coiffée d' un kalalhos orné d' un motif en a rête
poi~n
Incisé (P. C. 3)
( G . n .)
(Phot. Grollo)
[page-n-98]
PICARD._l bh;a
LAM. VI
8us t e coiUée d 'u n k a l:!. t h os bas e t laree or n é il. la base d' u n bOllre llet ( l'tl. M. 3 1
( In. 26 c m.)
(Phot . G roll !)
[page-n-99]
PI CARD .- Ibi~a
LAJ\I. VII
11. - Bust e aux yeux en amande (P. C. 4 ) .
17. -Fragment de tete (P. C. 5).
(G. n .)
(Phot. Grollo )
[page-n-100]
LAM. VlII
PICARD,- Ibiza
Protom e avec Quatre trous (M . M , 2)
(Ut. 23 cm.)
(Phot, Grollo)
[page-n-101]
LAM. IX
PI CARD.-Ibba
Da me
coirr~e
d'un kalatho s ( M. M . 4 )
(lit. :W 5 cm .)
(Phot. Grollo l
[page-n-102]
LAM. X
PICARD. -Ibi'la
8u st e coupé a u ras des seines ( M . M. 7)
( G. n .)
(Pha l. Grollo)
[page-n-103]
LAM. XI
PI CARD. -Iblt:!.
Ous te coupé à la taille (P. C. %)
(G . n .)
( Phot. <.;rollo )
[page-n-104]
LAM. X.II
PI CA.RD. -Ib l:r.a
Bllli t e co up é il la t a ille (M. ftl . 1)
(HI . 28'8 c m .)
(Ph ot . Groll o)
[page-n-105]
LAM. XIII
PICARD.- Iblla
Idole d e T a nit ( M. 1\-1 . 8)
(G . n .)
(Phot. Grollo )
[page-n-106]
LAM. XIV
PICARD. -Ibi za
19. - Idole de Tanit
20.-1.'ête de Tanit
21._Tê te de Tanit
22. _ Tête de Tanit
23.-Tête de Tanit
(M. 1\1. 9 ).
(M . 1\1. 11) .
(M . M . 13) .
(1\1. M. 15).
(M. M . H l .
(G. n .)
(Phot. Grollo )
[page-n-107]
PI CARD. -Ib b.a
LAM . XV
24. - T ête de m outon (lU. lU. 16).
25.- P olsson d u ,enre Da ur a de (P, C. 10) .
26,- TC! t e d'oissea u (P , C. 11) .
(G. n .)
( Phot. Grollo)
[page-n-108]
COLETTE PICAR D
(Francia)
Figurines de terre cuite du Musée
de Prehistoire de Valencia
Le musée de Valence possède une importante e t int eressante collection
de fig urines de terre cuite provenant d' Ibiza, léguée par MM . Martinez y
Mart inez e t Pérez Cabrera. La regrettée Myriam Astruc devait les publier
lorsque, la tragédie de Pe tra mit fin à ses jours. L'an passé Mr . le Direcleur du Musée de Valencia me demanda de reprendre ce travail et je le
remercie vivemen t de cette marque de con fiance . Je tiens aussi à exprimer
ma gratitude à Mr . Pla qui se mi t à ma disposition pour me t ransme t t re
tous les renseignemen ts qu' il détenait sur ces deux collections, a Mr. G.
Nicolini, auteur d'un ouvrage sur les bron zes ibériques, et a Mme . BesquesMollard, Conservateur au Musée du Louvre, qui m'ont aidée de leurs conse ils éclairés.
Tou tes les s tatue ttes de cet ensemble on t été trouvées dans l'ile, mais
il est impossib le de savoir où exac tement, et quel en é tait le con tex te archéologique. La terre, une argile mal épurée, souvent cassante, granuleuse
aussi parfois, est celle de toutes les céramiques figurées de fabrication
locale . Les forme s, le s tyle, ne son t pas insolites, et chacune d'ell e se
ra ttache à une série bien a ttestée sur place . C'est ainsi qu'il est aisé de
reconnaitre les idoles ailées issues de la Cueva d'es Cuyram, et, qu e l'on
peut penser sans téméri té, que les bus tes gisaient dans des tombes de la
nécropole de Puig es Molins . Les problèmes chronologiques son t pl us dif ficiles à résoudre : D. Fle tcher Va ll s a lui même montré dans son é tude
((Problemas de la cult ura ibéricall ( 1) , quelles raisons nous avi ons de douter
s.
( 1)
D. FLETCHER: " Problemas de la cuhu ra ibérica". SC'rie de T rabajos Varios dei
I. P., nûm. 22. V3lencia, 1960.
-
Il
BI -
[page-n-82]
2
C. PICARD
de la possibilité de dater une p,ece, en se fondan t uniquemen t sur des
cri tères stylistiques. Or c'est la seule méthode qui soit à notre disposition,
aussi ces terres cui tes seront -elles presentées groupées par affinité de for me e t de style, et non par ordre chronologique .
Quatre séries principales peuvent être ainsi distinguées :
1.
I l.
III.
IV .
Statue ttes et têtes de s ta tuettes.
Bustes.
Idoles de la Cueva d'es Cuyram .
Figurines zoomorphes.
STATUETTES ET nTE S DE STATUETTES
1. _
COLLECTION MARTI NfZ Y MARTU-IEZ ,
Il'; M .
12
HI. O,m09. Terre ocre tirant sur le brun, granuleuse . La face antérieure
est mou lée, le dos plat. le relief est a demi effacé, les yeux abîmés.
Tête de femme voi lée. Le voile laisse paraitre une frange de cheveux
sur le front et des bandeaux ondu lés sur les tempes; des mèches rendues
par des cannelures, retombent sur les épaules en dégageant les oreilles.
Cette physionomie triangulaire, allongée, au fron t bas, au nez long e t droit,
à la bouche horizontale aux lèvres serrées, rappelle les facies dits dédali ques tardifs, de la fin du V116s, ou du début du VI"s., mais la coiffure, le
traitement des cheveux semblent indiquer que la terre cui te est moins
ancienne qu'elle ne le parait . Le cas est fréquent en Espagne e t G. Nicolin i
signale plussieurs bronzes du memê s tyle (2) Cet te tête n'est sans doute
pas antérieure à la seconde moitié du VI ·s. av . Je. (PI. l, Il.
2. _
CO LLE CTION MAR TIN EZ
y
MARTINEZ ,
"um.
6
Ht . O'm25, Ig. O,m08 . Terre ocre, peu cu ite . La face an t érieure est
moulée, le dos plat. Deux trous sont percés au somme t pour suspendre la
statuette. Dame serrant un tympanon sur la poitrine . Elle est coiffée d'un
polos bas recouvert par un voile, et vêtue d'une tunique collante qui ne
lai sse voir que l'extrémi té des pieds chaussés . Un bourrelet de cheveux
dépasse du voile au dessus du front. Le visage triangulaire, court et large,
( 1)
242.
G . NICO LlNI : "Lei bron1:C$ figura dts sanclUairc:s ibCriqucs". Pari~, 1969, p. 241-
-
82 -
[page-n-83]
l'lGUIIINES DE TEIlIIE CUITE
J
rappelle ceux des terres cuites rhod iennes archaïques; les yeux ont la forme
d 'une olive et la bouche rendue par une simple incision souri t légèrement .
Le corps est plat et droit. Les ma ins ramenées sur la poitrine serrent le tympanon ; le dessin en est maladroit . C'est une copie peu habile d'un prototype ionien archaïque, sans doute transmis par l'int ermédiaire des ateliers
sici liotes (3) . Fin VI·s.?
La Dame au tympanon es t un théme orien tal bien connu, fort ancien
~a$sé dans le répertoire ionique e t repri s par les Pun iques. A Ut ique, à
Carthage (4) , maintes figurines de ce type ont été trouvées dans les tombes
à tou tes époques. Il est reprodui t à satiété sur les ex voto des tophe t de
Sa rdaigne . A Ibiza on en cannai t plusieurs exmplai res, tous datés de la fin
d u V I- e t des premières années du V·s., comme la figur ine num . 2. Le
tym panon est généralemen t considéré comme un attribu t du c uJ te d'Astarte
Aphrodi te. La déesse le partage cependant parfois avec d 'aut res divinités
de fécondité e t des morts comme elle . A Rhodes comme à Gela l'instrument apparait dans les mains d'Athena Lind ia . La statuette d' Ib iza es t certainement offert e à une divine protectrice des morts, ma is son seu l tym ·
panon ne permet pas de l'iden tifier (PI. Il) .
.3. _
COLLECTION PU EZ CA IRERO, "Um.
Ht. O,m2SS, Ig. O,m16. Terre rouge . Dos creux . Trace d' engobe blan c.
Déesse assise sur un trône à haut dossier, les pieds nus, posés sur un ta bouret. Elle est drapée dans un h ima tion dont le pan arr ière devai t se rele ver sur la tête comme un voile . Le dossier de la chaire est orné de deux
rosaces, les pieds de griffes de lion s tylisées. Les bras retombent sur les
jambes . Les pl is du vête men t son t creux, serrés, raides e t rigoureusement
symétriques. C'es t une copie d'un modèle du début du Vos. Cependan t le
décor du t rône, en particul ier les rosaces à six pétales garnis de nervures,
semble rela t ivement tard if. En Sici le, comme à Car thage, les pro totypes du
V·s. av . JC . on t é té reprodui ts jusqu'à une date avancée du IV·s. e t la terre
cui te d ' Ibiza es t sans doute un de ces exemplaires a t tardés (Pl. II I) .
4. _
COLLECTION PE REZ CAB RERO , num . 8
HI . o,mO? Te rre rougeâ tre. Il ne reste que la tête . Le voile es t mutilé .
(3) L QUARLES VAN U FFORD: " Les tcrus cuitcs sicilicnncs". Assen, 1941, p. 44· 45.
(4) Pour la fijurine d'Utique cf. P. CINTAS : "Nouvclles recherches" Utique" . Karthago
V. Paris, 1954, p. 97-98, fig. 5. La statueUc C1t datte par l'autcur de la lin du VII t ou du
di:but du Vit. ,. Ceue datation appa rait beaucou p trop hautc. ÙI terre cuite pro\'ient d'une
ombe qui a livrt de la œ ramique " figur~ noires, italiennc, qui n'cst pas anteriture " la fi n
du VIi! ou lU d~but du Vé s. av. Je. Pour les fijurines de Carthagc voir " Ca"logue M uS«
.... Iaou i.. , =
uph. II, 1-339, pl. XV III, 2, "Catalogue du Mu$ée Ùlvigerie de Saint Louis dc
':'rthagc, 1" . Paris, 1900, pl. XVI, 9 ; Suph. 1. Paris, 1913, pl. VI, 2, etc.
-
83 -
[page-n-84]
C. PICARD
Dame coiffée d'un kalathos d'où retombait un voile dont on ne voit p lus
que le départ de chaque côté du visage. La chevelure est creusée de sillons
rectilignes, parallèles. Le visage est plein, les yeux en amande, le nez fort,
la bouche charnue. Deux pendants d'oreille en torme de pyramide inversée
garnie d 'une perle, permettent de dater ce tte terre cuite . La même parure
se retrouve en effet sur des antéfixes de Tarente du IVb e t sur la s tatue
s.
d'un des grands sarcophages de la nécropole de Sainte Monique à Ca rthage
de la fin du siècle (5) (Pl. l, 4) .
5. _
COLLECTION MARTI NEZ y MARTI NEZ , nûm . 10
Ht. D,m I O, Ig. O,mO? Terre ocre. Dos plat. La par t ie in férieure est
brisée, le relief a demi effa cé.
Dame coiffée d'un kala thos recouvert d' un voile qui se gonfle en conque
de part e t d'autre du visage. Celui ci, large et court, de coupe triangulaire,
dérive sans doute d'un prototype ionien . l e modelé de la poi tr ine est esquissé . Cette déesse au voile gon fl é est souvent ident ifiée à Demeter. A
Carthage le modèle est for t répandu à partir du lY.s. mai s l'int erprétation en est s tylisée à l'extrême, et le voile dessine un cercle parfait. A
Ibiza le mouvement garde encore sa souplesse . Epoque hellén is tique (pL l,5 1.
6. _
CO LLECTION MARTI NEZ y MARTINEZ, nûm . 5
Ht. O,m33, Ig. O,mIO. Terre ocre; traces de peinture rouge . Dos creux .
Relief assez effacé; bras cassés.
Orante montée sur un tabouret de prière . Les deux bras, moulés à part se
reccordaient au corps, perpendi culairemen t à celui -ci, à hauteur du coude. la
figure porte un kalathos d'où retombai t un voile dans le dos. le kalathos est
évasé au sommet et orné à la base d'une sorte de collere tte . La tun ique coliante laisse deviner le modelé du corps. Les jambes sont raides, massives.
C'est une oeuvre hellénistique, archaisante, qui remonte peu t· ê tre à la
période barcide . L'influence punique y est en eff e t très sensible : l'a ttitude
de la dévot qui prie les mains tendues montée sur un tabouret, est orienta le. la tec hnique selon laquelle les bras son t rapportés, désuè te dans le
(5) C. LAVIOSA: "u anldisse fin ili di Taran lo". Archeologia OahÎca, VI , 2, Roma,
1954, p. 238-239, pl. LXXIII, 3-6.
(6) "Cal. Mus. Lav. l U, pl. XVI , 4-6; Supll. l , pl. VI, 3-4. Pour l'époque neo-punÎquc
\"Oil les StatUCS d'El Jem CI de Korba, G . CH. PICARD : "Le monde de umhage". PlIriS,
1('56, pl. 64.
-- 84 -
[page-n-85]
fi GURI NES UE TIIRItE CUI TE
,
monde grec (7), etait toujours utilisee en Afrique à l'epoque neo- puni que (8) (PI. IV, 6 ).
7. _
COLLECTION PEREZ CABRERa, "';m. 7
Ht. O,mOS . Terre ocre, tachee de cendres. Tres abimee : les traits du
visage son t tres altérés.
Tête coiffée d'un kalat hos dont on en voit plus que la base . Un anneau
d'or est passé dans l'ore ille droi te. Le visage est incliné . Hellénistique.
(PI. 1,7).
8. _
COLLECTION PEREZ CABRERO,
""M. 9
Ht. O,mOS. Terre ocre . Très mutilée.
Deux anneaux d'or sont passés dans l'oreill ~ et le nez. Les cheveux
cour ts, les traits accusés sont ceux d'un homme. Le nezem, ou anneau de
nez, est en effet une parure masculine aussi bien que féminine . Hellénistique (Pl. IV, S).
9. _
COLLECTION PEREZ CABRERa,
""M.
3
Ht. O,mlS6, Ig. D,mSS. Terre rougeàtre. Modelée à la main.
Dame coiffée d 'un kalathos, bas, et large, orné d'un motif en arête
de poisson incisé. Des boucles de cheveux rendues par des gouttelettes
d'argi le rapportées, dépassen t du ka lathos, Le visage a ét é fai t en pinçant
l'argi le entre deux doig ts. Les yeux sont figurés par deux pastilles de terre;
les orei lles, démesurées sont percées de deux trous chacune, l'un au som met, l'au t re à la base du lobe. Un collier de pastilles d'argile juxtaposées,
barre la base du cou. Deux autres pastilles collés sur le torse représen lent
les sei ns. Les bras sont tendus en croix. Les jambes forment pilier.
Cette idole grossière exécutée selon une techniqu e millénaire est comparable à divers exemplai res issus de la nécropole de Puig es Molins. De
t elles figurines se trouvent sur divers sites ibériques, en Sardaigne aussi.
Elles son t en généra l assez répandues duran t la période qui sui t le départ
des Puniques e t les débuts de la romanisation (9). Leur archaïsme appa ren t, n'est pas une marque d'ancienneté, au con traire. Le kalathos est identique à celui d'un bust e de Puig es Molins, qu i imite des modèles hellénistiques (10) (PI. V).
(7) GABRie l en a trouv':: plusieurs exemples il Sdinof\t e, "Mon. An ik hi" XXXII, 1927,
pl. LXXV I, 6, 7, par ex.
(8) Par ex., CINTAS, op. cit. n. 4, fig. 69 b., et les sta tues du sanctuaire de 'n linissuf,
"Cal. Mus, Alaoui", Suplt. pl. LXXII et LXXIII.
(9) A. GARCIA y BELLIDO: "Colonizaci6n pu nka". Historia de Esp3iia de Mcnéndez Pidal, 1. 2. M adrid, 1952, fig. 335 el 338.
( 10) GARCIA y BELLI DO, op. cit. n. 9, fig. 332.
-
85 -
[page-n-86]
,
c. rlC.\RD
Il
BUSTES
Ce type de terre cuite, formé de deux par t ies, l'une moulée, ta fa ce
iln térieure, l'au tre plate, fa ite à l'éb
voile . Le modèle vient sans doute de Sic ile Où de tell es «Dames» é taient
dédiées à Demeter (11) . Il est inconnu à Carthage ; au Vos. av. Je. époque
à laque lle remonte les exemplaires les pl us anciens, la déesse n'éta it pas
encore vénérée dans la mé tropole africaine. Un buste de Kare fut t rouvé
cependant dan s une tombe du Cap Bon , mais la sépulture est du tV·s. et
le buste est importé (1 2) .
Une pratome représen tant un buste du même genre a é té joi nte cette
série, car cett e figure a certainement même valeur . Quelques pièces sont
aussi mutilées et il est difficile de savoir si ce sont des bust es ou des protomes.
I O. - COLLECTION MAR TI NEZ y MART1NlZ, nûm . 3
Ht . O,m26, Ig. O,m225 . Terre ocre .
Le buste est coupé au ras des sei ns et lisse, comme les plus anciens
flxemplaires d'Agrigen te. Le kalathos est bas et large, orné à la base d 'un
bourellet. Le mê me déta il se retrouve aussi à Agrigente. Les cheveux sont
'lndés en «cô· es de melon » et retomben t en méches souples sur les épaules, derrièrt les oreilles. Le cou est garni d'un co lli e r en forme de torque .
La mêm~ parure est port ée pa r divers pe t ites figur ines de bron ze ma scu lines (1 ~) . Comme le note G. Nicolin i le torque es t réservé aux hommes et
ce coll ier est sans doute fait de perles rendues d'une mani ère schématique . La
coupe du visage, le nez fort, rappellent les pro totypes ion iens archaïques.
Mais l'expression sere ine, la régularité des trai t s, leur régula rité s'inspi ren t du style sévère . la terre cuite date sans dou t e du VQ ac . Je. (PI . VI) .
s.
( II ) J. E. Rr ZZQ: " Suni fiuili di Agrigc nlo", Jahresheftc dei Osterreichcn An;:hao"'>sischen Insdwle in Wien, 1911, p . 62 n.
(12) C. G . PICARO : "Sac", Pû nica". Karthago XIII. Paris, 1967, p. 30. 11 fau t lire
pré-hellénistique Ct non hellénistique.
(13) NICOLI NI, op. cil. n. 2, p. 227_228.
-
86-
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FIGURINES 010 TERRe: CUITE
II. _
7
COLLECTIO N PEREZ CAeRERO, niim . 4
H t. O,m113 . Terre ocre rosé. Relief effacé. la part ie inférieure est
brisée.
Il est difficile de savoi r s'i l s'agi t d' un buste ou d'une grande s ta tuette.
Le facies allongé au nez fort, aux yeux en amande rappellet certains modèles de Tarente de la fin du VI·s. et du débu t du V"s. La Dame au tympanon d'Utique a une physionomie du même type (14) .
l es mèches de cheveux lat érales sont styl isées e t ressemblent à des
feuille s de fougères. Le cou est orné d'un coll ier de perles ovoïdes. la
«Dame» tien t dans ses bras un bouque t de fl eurs de lotus, détail qui révèle que la figurine est sans doute moins a rchaïque qu'e ll e ne le parai t . Vos.
av. J c.? (Pl. VII, 11 ).
'2. _
COLLECTION MARTI NEZ y MA.RTINEZ , niim . 2
Ht . O,m23, Ig. O, m20 . Terre rougeât re.
Protome. Qua t re t rous sont percés sur le rebord, deux â la base du cou,
deux autres â hauteur des épaules, sans dou te pour y passe r des liens de
suspension . l e kalathos est bas, orné â la base d' un rang de perles, e t au
centre de past illes en verre multicolores, incrustées : une blanche, une bleue,
une verte, une bleue, une blanche. les cheveux sont coiffés en bandeaux
ondulés e t retombent en mèches sur les êpaules, derrière les oreilles. Ces
mèches sant rendues par des sillons obliques et parallèles, selon une tech nique archaïque. Le visage légèrement incliné, est de type ionien, large
e t triangulaire; les trai ts son t réguliers. Les yeux en amande sont soulignés d'un trai t incisé, selon une t echnique hellénist ique . Deux trous sont
percés â la base du cou pour y passer un cordon sur lequel sont enfilés des
perles mult icolores disposées de par t et d' au tre d 'une amu le tte représen ta nt un oud ja . Ce lte parure est punique. 11 1"s.? (Pl. VI II ).
I :J. _
CO LLECTION MAR TI NEZ y MARTI NEZ , niim . 4
Ht. O,m245 , Ig. O,mI 7 . T erre ocre rosé, mal épu rée, très cuite . l e buste
est coupé à la taille . Les bras rapportés, sont cassés. Le relief es t effacé.
Dame coiffée d'un kala t hos, bas, évasé au somme t. On ne voi t pas de
voi le . Les cheveux son t coiffés en bandeaux et relevés. Les oreilles sont
percées d'un trou pour y passer un anneau d'argen t; l'un des deux a d isparu .
Le cou est garni d'un coll ier de perles et d'amulettes enfil ées sur un cordon .
De gauche â droite : anneau d'ambre, amulette usée, perle bleue, per le ocellée, pastille formant pendantif en verre bleu, pe t ite perle ocellée, perle
(14)
Cl. nOie 4.
-
81-
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,
C. PICARD
bleue, Horu s, perle bleue, perle jaune en verre irisé. Le modelé du corps
est esquissé. Ce trai t , la coiffure, sont la marque d'une évolut ion dûe à
l'introduction des modes nouvelles au cours du 11 1·5. av. Je. (PI. IX) .
• -4. _ COLLECTION MARTI NEZ y MARTU-ltZ . nûm . 7
Ht. O,m I6, 19. O,mI35. Terre ocre. Relief effacé.
Bu ste coupé au ras des seins et lisse. le kalathos est bas, les cheveux
coiffés en bandeaux et relevés. Le lobe des oreilles, aplati est p~rcé mais les
anneaux OU les pendantifs ont disparu . La tête est gracieusement inclinée.
1Ws. av. JC? (PI. Xl.
15 . -
COLLECTION PEREZ CABRERO, "û.., . 2
Ht . a,m IS, Ig . O,m09S . Terre ocre . Très abimée : le kalathos es t brisé, le
relief altéré.
Buste coupé à la taille . La Dame porle un himation qui lui recouvre les
bras. Ceux-ct repliés sur la poitrine t iennent une torche enflammée et un
agneau . l e travail est grossier. la terra cui ta semble tardive : Il ~s . ? (PL XI} .
16. _
CO LLE CT IO N MARTINEZ y MA. RT INEZ.
n.om.
1
Ht . O,m28, Ig. O,m I 9. Terre ocre. Traces de peinture dans les cheveux,
décor peint. les bras sont cassês.
Buste coupé à la taille. Dame coiffée d'un kalathos de hauteur moyenne .
Les cheveux sont Courts, frisés; ils étaient peints en noir . Deux anneaux
d'or sont passés dans les oreilles. Le visage oval f in e t régulier, est inspiré
par la tradition post-classique. Les yeux avaient l' iris rendu par une pastille
fine qui é tait certainement pein te, technique qui rappelle celle des masques
puniques. Les bras moulés à part se détachaient perpendiculairemen t au
corps, comme ce ux de l'orante n ." 6 e t du buste n .~ 13 . Le modelé des seins
.3 ppara it. Un e p.3lme t te est peint sur la poi trine; elle dev.3i t être rouge.
Ce t te oeuvre se r.3pproche des sta tues greco- ibères du 1I 1"s. Le décor peint
est comparable à ceux du style floral des vases de ce temps (1 5) (P l. X II ).
17 . _
COLLECTION PUEZ CA.BRERO.
n.om.
5
C'est un fragm en t de tête hellénistique . Ses dimensions sont celles des
f igures des bustes : O,m 113 de haut.
les narines sont percées de deux trous sans doute pour y passer ur
nezem (PI. V II , 17) .
(lS) li. CUADRADO ; "Probkmas d: la cronololl;Îll y de lu influcncias -::UhUC1lIM ute m as". Primer Symposium de la Pcninsula l bérica (Plmplona, 1959). Pamplona, 1960, 231,
lICcor flooll de type cbssiquc E\che-Archcna.
-
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F IGUIUNI!S DE TERRI! CUIT!!
,
111
IDOLES AILEES DE LA CUEVA D' ES CUYRAM
La Cueva d'es Cuyram a livré plus de six cents idoles e t un mil lier de
fragments, qui représentent tous comme les figu rine n .O 18, une Dame
coiffée d'un kalathos e t enserrée dans deux ailes repliées qui se rejoignent
,) hauteur de poitrine . L'espace demeuré libre entre ces ailes est garni d 'un
emblème sacré : fleur de lys, caducée, astres, hedera, e tc. (16) . Dans le
même gisement on a t rouvé deux dédicaces l'une punique aux noms de
Reshef-Melqart, l'autre, neo punique à ceux de Tanit et Gad. C'est donc
à la Dame de Car thage que les idoles é ta ient offertes. Ces sortes de cloches
sont faites comme les bustes deux pièces rapportées, l'une moulée, form e
la tête et le devant du buste; l'autre est une plaquette ébauchée à la main
et raccordée au devant .
18. _
COLLECTION MARTlNEZ y MARTINEZ, nûm. 8
Ht . O,m 16, Ig. max. D,mDS S. Terre ocre . La base est abimée.
Dame coiffée d'un kalathos de hauteur moyenne. Les cheveux sont coiffés de manière à ressembler à un klaft. Le visage est ava l, lourd, les traits
épa is, le nez fort . Les yeux en amande ressemblent à ceux des statues ibères du débu t de la romanisat ion (17) . Le mantelet d'ailes est composé de
deux rangées de plumes raides, stylisées toutes pareitles. L'attribut est
une fleur de lotus. Il "s. av . JC? (PI. XII I).
19. _
COLLECTION MARTlNEZ y MARTINEZ, nûm . 9
Ht. D,m ID, Ig . max . D,mD5S. Terre ocre tirant sur le brun . Le vi sage
est abimé (PI. XIV, 19) .
C'est une imitation grossière et tardive du modèle précédent : le mantelet d'ailes est évoqué par trois bandes horizontales parallèles.
(16) A. GARCIA y BELLI DO : "El Culto a dea Caeles\is en la Pcninsula l bêriea" .
boletin Real AC',1demia de la Historia, CXL. Madtid, 1957, p. 479-485, pl. V-VI.
(17 ) Cf cdles de El Cigarralcjo, E. CUADRADO: "Exeavadones en d Santuario ibérico
de! Cigarra]cjo (Mu[a, Murda)". Informes y Memoriu de ]a Comis,cia General de Elt::avaciones Arqurolôgicas, nûm. 21. Madrid, 1950.
-
"
89 -
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10
C. PICARD
20. _
COLLECTION MARTINfZ Y MARTINEZ ,
""l'ri,
Il
H t. O,m07. Terre ocre.
Ce t te petite tête provient certainement d'un idole ai lée : la coiffure
est la même, les dimensions éga lement. La chevelure est lisse . Le visage
oval, régulier est de t radition post classique. L'ourfet qui dessine la paupière est incom ple t. I V~s. ? (PI. XIV, 20) .
l i._
COLLECTION MARTINEZ y MARTINEZ. "';l'rI , 13
Idem. 0,075 ait.
Petite tête, coiffée en «melon frisur» (PI. XIV, 2 1).
22 . -
COLLECTION MARTI NEZ y MARTI NEZ , nul'rl. 15
Ht. O,m07. Terre grisâtre. On voit encore le dépar t de l'a ile gauche .
La Dame est coiffée en «melon frisur ». Début du II I·s.? (PI. X IV, 22).
23 . -
COLLECTION MARTINEZ y MA RTINEZ ,
n""'.
14
Ht. O,m062.
Dame coiffée en «melon frisur)l , Début du 11 1·s.? (PI . X IV, 23).
Ces idoles de style composite ne se ret rouvent nulle part a,lIeurs. L'une
d'elle a été apport ée à Carthage e t déposée dans une tombe .le la nécropole de Sa inte Monique. Elle ne porte pas le kalathos (18). Cette parure
d'or igine grecque est portée par maintes déesses puniques cependant. La
coiffure imitant un klaft est également punique. Le mantelet d'ailes est
d'origine égyptienne comme le note A. Garda y Bell ido (19), mais à
Cart hage ce vêtement apparait .il plusieurs reprises aussi. On le voit pour
la prem ière fois sur une divin ité représentée sur un cha ton dt bague du
IV·s. (20). On la re t rouve ensui t e sur l'effigie couchée sur le couvercle
d'un des grand sarcophage de Sainte Mon ique (21), sur une terre cuite et
deux rasoirs lll "s. issus de tombes voisi nes (22) et enfin au l''s. av. Je.,
sur des monnaies de Scipion et des s tatues du sanc tuaires de Thi'li ssu t (23 1.
Elle est alors portée par le Genius Terrae Africae .il tête de lion. Mais .il
Carthage, comme en Phénicie ou en Egypte, les ailes enserrotnt la taille
(18 ) "Cat. Mus L~ v . 1", 1'1. XV II , 3.
(19) GARCIA Y BELLIDO, op. cil. n. 16.
(20) P. GAUC KLER: "Nêcropolcs Puniques", Il, p. BI.
(21) "Cal. Mus. Lav. 1". Suplt. III CI IV, 3.
(22) PICARD, op. cil. n. 12, num. 25, pl. XX II I Cl 34, pl. XXVI IJ.
(23) A. MER LI N : "Le Sancluaire de Baal CI de T ani! l'!"Cs de Siagu". NOlu CI ))o(- um('n1S, IV. Paris, 1910, p. 16, 44-45, pl. Ill .
-
90 -
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FIGURINES OE TEIIRE CUln:
Il
et les jambes à la manière d'un jupe et non d 'un mantelet . Cette in terpré tat ion es t sans doute due à la forme de buste donnée aux idoles d'es Cuyram.
Les attributs por tées par ces f iguri nes sont ceux qui ornen t les s tèles
he llèni stiques du tophet de Salammbo. Grâce à la dédicace nous n'avons
aucun dou te sur l' identi té de cette Dame . C'est un des rares por traits de
Tanit que nous ayons, qu i ne prête pas à discussion . A. Ra mos Folqués,
frappé de la ressemblance de ces images avec les figu res de D~me à ai les
déployées pein tes sur cer tains vases ibères hellénis t iques, dont certains fu rent trouvés par l'auteur dans une nécropole voisine d'Elche, a voule reconnai t re dans cell es-ci Tanit représentée en Potn ia Theron (24 ). Ce Ue hypothése es t assez ha rdie, car il faud ra it pour la just ifier pouvoir être en mesure de démon t rer que la paru re d'ailes est l'apanage de la seule Tani t dans
If' monde punique, et en l'état ac tuel de nos connaissances, nous en sommes
loi n . La déesse courotrophe du rasoir n . ~ 25 de Sainte Monique es t sans
doute, comme nous l'avons dit, la Dame de Car thage, car elle règne sur
un cie l pun ique, mais ce lle qui se presse le sein n' est-elle pas ph llot Ast arte? (25) . L'effigie couchée sur le sarcophage est peut -etre celle de la
défunte enserrée dans la dépouille d'un oiseau guérisseur, telle una momie
égypt ienne? Les Carth.aginois rendaient en eff e t un cu lte au dieu sauveur
sémite, Horon le Faucon . Et si le Genius Terrae Africae est lié à Tanit Caelesti s, il appara it plutot comme son garde que comme le port-ait de
la divinité suprême elle-même . Quan t à la déesse qui décore le cha ton de
bague, son iden tité est inconnue : c'est vraisemblablemen t une divinit é fu néraire ma is laquelle? La _Dame» ibére est sans doute une créa ture su rna turelle, déesse ou génie, aux pouvoirs indiscu tablement vivifiants vénérée par les habitants du pays, peut-être à l'occasion fut -elle égalée à Tanit,
mai s il est plus sage de lui conse rver son anonymat.
IV
FIGURINES ZOOMORPHES
Ces figurines sont à rapprocher de l'idole n .O 9 : la terre, la technique
son t les mêmes . Ce son t des oeuvres populai res naïves, qu'il es t impossible
~ 24) A. RAMOS FOLQUES : " HaUngos celimicos de Elche y Ilgunu considcraciones
:mfe cl neigen de ciertos tertllls". Archiyo &p:1I101 de Arqurologll, XVI, Mldrid, 190,
Il. 328-335.
(25) PICARD, op. cil. n. 12, p. 108. Je nt: pense plu$ que Il dêeue du n$Oi r 3
-
91 -
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12
C. l'ICA"'!)
de dater. Elles étaient déposée aussi bien dans les sanctuaires ruraux que
dans les tombes.
COLLECTION MARTtNEZ Y MARTI NEZ, nûm. 16
24 . -
Ht. O,m63 .
Tête de mouton modelée à la main . l es cornes, les oreiJles e t les yeux
sont rapportés. la toison est figurée par des trous triangulaires faits à
l'emporte pièce (PI. XV, 2.4).
2 5. _
COLLECTION PEREZ CABRERO, nûm. 10
Lg . O,m l 06.
Poi sson du genre Daurade. Des profondes incisions complè ten t la composition et les écailles sont rendues de la même manière que la toison du
mouton n .- 2.3 (PI. XV, 25) .
26. _
COLLECTtON PEREZ CABRERO,
.u'm. -4
Ht . 0,m04 .
Têt e d'oiseau, pigeon ou colombe (PI. XV, 26) .
Pour pouvoir interpréter correctement ces terres cuites, il faudrait connaitre la religion des habitants d'Ibiza . Colonie punique, formant le bastion
avancé de la civilisation carthaginoise face au monde grec occidental , l' ile
avait conservé une large autonomie, et commerçai t à sa guise avec ses voi sins helléniques . Peu doués pour les arts plastiques, les Carthaginois ne
cherchèren t jamais en effet, à les supplan ter sur les marchés extérieurs.
Aussi est -ce aux Grecs que les habitants d'Ibiza demandèrent des leçons
de coropla thie . Mais, comme tout art popu laire, l'art ibère auquel se ratlache celui d' Ibiza, est archaïsant et expressioniste. Il travaille d'après des
tormu les importées, comme tout art périphérique, mais c'es t avant tout un
art sacré dont le but essentiel est d 'expri mer au dieux la ferveur des fidèles, fut -ce au détrimen t du beau, de la vraisemblance . Comment déceler
ces intentions sans t extes sur lesquels s'appuyer? Nous savons aussi que
Carthage avait imposé sa langue, sa religion, les dédicaces d'es Cuyram en
son t la preuve, mais il est impossible de mesurer l'ampleur de ce tte action
psychologique . De telles investigations sont pour l'heure vouées à l'échec
aussi est -il préférable de laisser les «Dames» d ' Ibiza bénéficier du charme
du mys t èr~ .
-
92 -
[page-n-93]
PICA.RD.- I blu.
I.-Tête voilée C 1\01. 12).
M.
4. _ Da m e coUfée d' un ka Jathos C C. 8),
P.
5. _ Da nle coiffée d' un ka Ja thos. recouvert d' uli voile C M. 10) .
M.
'J. -Tête coUfée d' un ka Ja thos C C. 7) .
P.
(G. n .)
(Phot. Grollo)
LAM. 1
[page-n-94]
L A1\1 . Il
PI CARD. -Ibiu
Da m e a u t ympa n o n (1\1. 1\1 . G)
(lit. 25 c m .)
{Phot. Grollo l
[page-n-95]
LAM . III
PICARD. -Iblu
Dame ass ise s ur son trôn e (P. C.
1)
( lit. 28'5 cnl,)
(Phot, Gro llo )
[page-n-96]
PICARD.- I bh:a
G. _ Orantes Pla ntee s ur un t abo uret de prière (M. M. 5) (111. 33 cm.)
8. - Tête avcc deux a nnea ux d'or (P . C. 9) (G. n .)
(Phot. Grollo)
LAM . IV
[page-n-97]
l,AM. V
PICARD.-Ibiza
Da me coiffée d' un kalalhos orné d' un motif en a rête
poi~n
Incisé (P. C. 3)
( G . n .)
(Phot. Grollo)
[page-n-98]
PICARD._l bh;a
LAM. VI
8us t e coiUée d 'u n k a l:!. t h os bas e t laree or n é il. la base d' u n bOllre llet ( l'tl. M. 3 1
( In. 26 c m.)
(Phot . G roll !)
[page-n-99]
PI CARD .- Ibi~a
LAJ\I. VII
11. - Bust e aux yeux en amande (P. C. 4 ) .
17. -Fragment de tete (P. C. 5).
(G. n .)
(Phot. Grollo )
[page-n-100]
LAM. VlII
PICARD,- Ibiza
Protom e avec Quatre trous (M . M , 2)
(Ut. 23 cm.)
(Phot, Grollo)
[page-n-101]
LAM. IX
PI CARD.-Ibba
Da me
coirr~e
d'un kalatho s ( M. M . 4 )
(lit. :W 5 cm .)
(Phot. Grollo l
[page-n-102]
LAM. X
PICARD. -Ibi'la
8u st e coupé a u ras des seines ( M . M. 7)
( G. n .)
(Pha l. Grollo)
[page-n-103]
LAM. XI
PI CARD. -Iblt:!.
Ous te coupé à la taille (P. C. %)
(G . n .)
( Phot. <.;rollo )
[page-n-104]
LAM. X.II
PI CA.RD. -Ib l:r.a
Bllli t e co up é il la t a ille (M. ftl . 1)
(HI . 28'8 c m .)
(Ph ot . Groll o)
[page-n-105]
LAM. XIII
PICARD.- Iblla
Idole d e T a nit ( M. 1\-1 . 8)
(G . n .)
(Phot. Grollo )
[page-n-106]
LAM. XIV
PICARD. -Ibi za
19. - Idole de Tanit
20.-1.'ête de Tanit
21._Tê te de Tanit
22. _ Tête de Tanit
23.-Tête de Tanit
(M. 1\1. 9 ).
(M . 1\1. 11) .
(M . M . 13) .
(1\1. M. 15).
(M. M . H l .
(G. n .)
(Phot. Grollo )
[page-n-107]
PI CARD. -Ib b.a
LAM . XV
24. - T ête de m outon (lU. lU. 16).
25.- P olsson d u ,enre Da ur a de (P, C. 10) .
26,- TC! t e d'oissea u (P , C. 11) .
(G. n .)
( Phot. Grollo)
[page-n-108]